Retour d’expérience et bonnes nouvelles

par | Jan 29, 2022

Un excès d’énergies renouvelables ouvre la voie à des innovations disruptives

Lors de son voyage inaugural de 3 200 km entre Tokyo (Japon) et Kaohsiung (Taiwan), le navire MS Porrima a démontré que le transport maritime et la pêche sont prêts pour une transition énergétique fondamentale. Un secteur connu pour l’utilisation de carburants lourds et polluants dispose désormais d’une alternative compétitive éprouvée.

Ce premier voyage international du MS Porrima a fourni une preuve essentielle de son fonctionnement : le solaire, l’éolien et l’hydrogène surpassent tous les autres systèmes d’alimentation navals en termes de coût, de performances techniques et de fiabilité. Les 10 000 miles suivants permettront d’affiner la manière dont cette synergie d’énergies renouvelables permettra la mise en place de nouveaux modèles économiques.

Le nom Porrima vient d’une divinité romaine, alors vénérée comme la déesse du futur, protectrice des femmes enceintes. Ce navire a un programme ambitieux : apporter la preuve de l’exploitation d’une douzaine de technologies en démontrant leurs performances autour du monde, avec des conditions climatiques très variées.

La première preuve d’exploitation concerne le système solaire. MSPorrima est équipé de 516 mètres carrés de panneaux solaires et de 8 tonnes de batteries au lithium. La capacité de charge maximale en plein soleil est de +100kW. Les deux moteurs de propulsion électrique consomment 15 kW et 25kW face aux vents de face et aux courants. Six heures de soleil dans une journée suffisent pour avancer à 5 nœuds pendant 24 heures à 10 km/heure. Si cela peut sembler lent, cela se cumule en 240 kilomètres par jour. A cette vitesse, on fait le tour du monde en 200 jours ! C’est ce qu’a fait MSPorrima – ce bateau détient le record du premier navire à avoir fait le tour du monde uniquement à l’énergie solaire.

Le record mondial a pris 2 ans, bien plus que 200 jours. Comme on l’apprend vite en mer, tout dépend de la météo : quand il n’y a pas de soleil, les batteries n’ont plus d’énergie en 2 jours. C’est pourquoi le navire a ajouté l’alimentation par cerf-volant de SkySails. Un cerf-volant attrape le vent à 170 mètres d’altitude et tire le bateau à 10 nœuds, soit le double de la vitesse des moteurs électriques. La coordination entre le vent et le solaire offre un mix énergétique indépendant. Lorsque le cerf-volant tire, les hélices s’inversent et produisent de l’énergie. Si le soleil brille au même moment, les batteries se remplissent en quelques heures.

L’expérience vécue sur ce navire expérimental de 100 tonnes et 36 mètres de long démontre que pendant de courtes périodes, il existe un énorme excédent d’énergie disponible. En général, personne ne se soucie de la capturer. Puisque de trop nombreuses batteries sont trop lourdes pour un navire, l’hydrogène s’annonce comme un complément d’énergie idéal. L’énergie excédentaire est convertie en hydrogène. Beaucoup prétendent que cette méthode est inefficace lorsque d’autres sources sont disponibles, mais elle permet de convertir gratuitement les excédents en mer, créant ainsi une résilience énergétique dans toutes les conditions météorologiques, même les plus défavorables. Le MSPorrima est le premier navire à hydrogène qui a pris la décision audacieuse d’intégrer son propre hydrogène à bord à partir de l’eau de mer. Si un petit nombre de navires disposent d’hydrogène à bord, celui-ci est livré au navire. Ici, il est fabriqué à partir de la source la plus abondante sur terre : l’eau de mer.

Le résultat est que le MSPorrima dispose de trois sources d’énergie complémentaires. Ce mélange ne fait jamais défaut, quel que soit le temps. Si jamais il devait tomber en panne, il y a toujours un générateur de biodiesel à bord qui pourrait fournir de l’électricité in extremis.

La preuve de fonctionnement est convaincante : l’énergie solaire, éolienne et l’hydrogène couvre tous les besoins énergétiques du navire. L’analyse par les experts de milliers de miles de navigation, suggère de réduire les batteries à seulement 4 tonnes, d’augmenter la taille et le rayon du cerf-volant, et de renforcer les performances de l’hydrogène. Ce nouveau mélange, coordonné avec une véritable intelligence artificielle, double la vitesse du bateau en garantissant des performances sur de grandes distances.

La découverte de l’existence d’une quantité d’énergie bien plus importante que celle envisagée à l’origine ouvre la voie à l’intégration de technologies supplémentaires permettant d’offrir des services uniques jamais proposés ou disponibles sur des navires auparavant. MSPorrima est la propriété de Blue Innovations S.A., une société suisse qui se consacre au développement de technologies de pointe. Un examen rapide a permis d’identifier deux technologies révolutionnaires à ajouter à bord : la pêche avec des filets à bulles d’air et l’élimination des nanoparticules de plastique de l’eau de mer.

Tout le monde sait que nous pratiquons la surpêche. Cependant, il existe un problème plus fondamental : nous pêchons les femelles avec leurs œufs et les tuons. Cela n’a aucun sens. À partir de 2023, le MSPorrima sera le premier navire à pêcher avec des bulles d’air, comme le font les dauphins et les baleines, en n’attrapant que les mâles et en assurant la reproduction, libérant ainsi toutes les femelles. Plus encore, MSPorrima souhaite nettoyer les erreurs du passé. Une nouvelle technologie inspirée de la façon dont les poumons éliminent le CO2 de notre sang, la technologie microfluide élimine les nanoplastiques. Les quatre premières unités seront installées sur MSPorrima. Il est agréable de savoir que l’abondance d’énergie renouvelable offre des possibilités de faire croître une économie durable grâce à des innovations qui changent la réalité bien mieux et plus rapidement que prévu. Une excellente façon de commencer 2022!

Gunter Pauli

Auteur de L’Economie Bleue

Président de Novamont SpA

Fondateur du MS Porrima

www.porrima.eu

www.BlueInnovations.ch

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